mercredi 31 décembre 1997

enfin seul / jean-guy coulange

Dans la petite famille de la chanson, Jean-Guy Coulange est le petit frère d’Isabelle Mayereau. Discret, délicat, raisonnable, apparemment straight people, du genre de ceux qui ne dérangent personne. Voilà pour ceux qui s’en tiennent aux apparences. Ceux qui écoutent plus loin que le bout de leurs oreilles ne manqueront pas d’apprécier Enfin seul, disque « mine de rien » témoin de l’universalité de l’intime.
De l’éloignement (l’idée qu’tu m’quittes ne m’quitte plus) à l’ennui (pourvu que le temps s’écoule ; ah ! je m’emmerde, tout me dépite, tout m’indispose) ou la solitude (le petit déjeuner solitaire/ c’est à choisir le moment que j’préfère ; si l’on frappe à la porte/je suis nature morte/je suis ailleurs), nous savons qu’il n’y a qu’un pas. Ou un « ne pas ».
Aussi, Coulange multiplie-t-il les approches pour éviter la fatale séparation. Mais dans un monde urbain où tout se règle par téléphone (j’entends ton rire/qui résonne/au téléphone/ça fait tout drôle/ça réconforte), où l’on ne dialogue plus guère qu’avec les répondeurs, quel est le prix à payer pour quelques signes d’amour. Un ticket de train, moyen de transport amoureux qui rapproche ou éloigne les amants ; un plein d’essence qui permet d’aller en ville passer le temps et le blues (direction les lumières) ; avec, au bout du chemin de l’errance, l’envie d’une rencontre, l’envie de partir (rien ne nous retient sur terre nul ne possède la mer et ça me convient).
De retour à la maison, la nature se fait cocon et éclosent sous nos yeux les petits bonheurs d’un quotidien ré-animé : les collines de Giono, le Ventoux au soleil couchant, les marches dans la garrigue, le lézard qui court sous le lierre ; et même si les éléments s’en mêlent (l’orage éclate, le vent se cabre, le ciel est bas) la nature est une preuve à la vie. Et je rêve Geneviève/que tu m’aimes encore un peu/encore encore encore encore/encore encore encore/suffit.
Sur des instruments au son « fine de claire » : claviers, guitares, saxophones, clarinette basse, trompette, saxhorn, flûte et percussions (ah ! la fameuse tartine grillée de Michel Risse, percussionniste que l’on peut entendre également dans Montgolfières de Gianmaria Testa et dans Gueules de Piaf de Serge Hureau), que des arrangements subtils mettent en valeur, Jean-Guy Coulange installe sa voix à l’intonation colorée, légèrement posée et posément légère, pour j’en ai fait mon adage/chanter les paysages/de l’intérieur. Entrez, c’est ouvert.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon "enfin seul" a eu droit à l'époque à quelques considérations journalistiques. Jamais en tout cas auusi proches et attentives à mes textes que votre belle chronique...
Pour la petite histoire, je fis aussi partie des Montgolfières de Testa et de la bande à S. Hureau sous le peudo de Montferrat. Cordialement. JGC
(aujourd'hui, un travail d'écriture sonore sur http://coulange.muiscblog.fr)

Contes&Lania a dit…

Moins de deux ans plus tard : marrant, je parlais de "Les jeunes femmes modernes" et du CD de 1997 (connu grâce à Radio Rennes).
Je l'emporte avec moi après demain en normandie. Et pour le nouveau, je vais aller sur le hachettp://coulange.musicblog.fr
Âm-y-tié

Phil a dit…

Il y a pas mal d'années que j'ai découvert ce chanteur, avec le disque "Enfin seul". Je l'ai même à nouveau écouté aujourd'hui en voiture. Il m'est souvent arrivé de penser à ce disque dès mon réveil, sans savoir toujours pourquoi. Comme un besoin. J'aime les paroles intimistes, qui se marient avec de belles mélodies, mariage pas si fréquent, selon moi, dans la chanson française. Elles se rapprochent en tout cas de mon esprit, malgré une propension créative aux textes plutôt humoristiques. Merci Jean-Guy !

Philippe