Avec son regard toujours en quête, ses mots qui semblent renouvelés et sa perception vierge des gens et des choses, Jérôme Chauvin réveille notre pouvoir d'étonnement et d'émerveillement. De son observatoire, il dessine, d'en haut, de loin, des chansons poussées par le vent pour les petits princes que nous sommes.
Avec cette envie permanente d'aller voir ailleurs : "envie de partir ailleurs", "pas de barrières, pas de frontières", "je veux passer la frontière pour aller voir derrière", "entre les pays les pointillés nous séparent", il voyage en Chine, en Afrique, au Vietman, en Irlande où on trouve encore" des personnes à la place des machines". Avec innocence, il joue de la musique "pour faire pousser des pamplemousses" sur le balcon de l'Occident chafouin, "et tout doucement ils poussent " !
Son écriture classique, en cela qu'elle utilise la rime, est moderne par son canevas, particulièrement en ce qui concerne le refrain ; en effet, d'une chanson à l'autre, le refrain vit sa vie et change de forme : plus long qu'un couplet, aussi court qu'un titre, en début de chanson ou absent -alors, une phrase répétée, un thème musical jouent son rôle-.
Un festival d'instruments, au jeu discret, entérine son sens de la variété. L'espace sonore est rempli -non saturé- et chaque instrument ajouté à la formation de base : piano, guitare, voix -sa voix plus légère que l'air- est un aromate qui excite le palais des sens. Des chants solistes ou choraux africains, indiens d'Amérique du Nord ou d'Inde investissent introduction, refrain et final comme le ciment de l'esprit d'ouverture qui parcourt ce disque.
Enfin et en guise de coup de coeur : la plage 3 à la vue oblique et fantaisiste qui, pour perturber ceux qui aiment que le café de la gare soit à côté de la gare et que la rue de l'église ne soit pas loin de l'église, engage des choeurs africains pour un voyage en Chine ; la plage 10 à programmer de 3'54" à 4'40" et, après avoir enclenché la touche repeat et branché le casque, fermer les yeux : on part si loin qu'on n'en revient pas.
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